Quelques profils types d’élèves…
Quelques profils types d’élèves…
✓L’anxieux
Normalement, il a des bons résultats et n’aurait pas besoin de prendre des cours particuliers de maths. Mais ça le rassure (et les parents aussi…). C’est comme la bouée à la piscine : ne pas négliger ce rôle uniquement psychologique, mais réel et visible sur les résultats.
✓Celui (celle) qui a perdu confiance
C’est assez féminin comme profil. Notes moyennes voire médiocres, est persuadée qu’elle n’est pas bonne en maths. C’est dans ce profil que les résultats peuvent être très spectaculaires : c’est la découverte que finalement, les maths, ce n’est pas si casse pied que ça et qu’on n’est pas si mauvais(e) que ça. Et là, ça paye très fort !
✓Celui qui a vraiment du mal
Dans ce cas, on limite la casse, on se recentre sur un socle de base, on fait des impasses en fonction de l’orientation désirée par l’élève, et on travaille d’arrache pied. Les résultats sont parfois décevants, parfois au delà des espérances.
✓Celui qui n’est pas à sa place
Attention à l’orientation de vos enfants : surtout ne les forcez pas à aller dans une section soi-disant universelle voire pire, élitiste. Certains élèves ne sont pas à leur place dans leur section. Tout va trop vite pour eux, ils sont dépassés. Moi aussi, il n’y a pas grand chose à faire, quand une bouteille est pleine, si on met un entonnoir pour mieux la remplir, ça déborde encore plus et c’est tout.
✓Celui qui est un peu trop cool
C’est dans ce cas que le refrain « il faut travailler plus » est repris à tout va… sans trop de succès ! Sur ce type d’élève, on peut mettre gentiment un peu de pression en lui expliquant que c’est précisément à son âge que presque tout son futur se joue et que ça serait dommage qu’il rate le train, surtout qu’il a des capacités.
✓Je ne travaille pas, comme les copains
Attention, gros piège ! Parents, soyez vigilants à ce genre de comportement qui est assez masculin : il y a une «émulation» entre élèves qui consiste à laisser croire aux copains qu’on a des bonnes notes tout en ne faisant rien. Le message subliminal est : «je suis une machine» (en maths, c’est valorisant…). Le problème, c’est qu’il y a des élèves (souvent pas des «machines», justement) qui y croient et donc disent à leurs parents : «dans la classe, personne ne travaille, je ne vois pas pourquoi moi je travaillerais». J’ai eu plusieurs cas de ce type, il faut casser ce mythe et bien expliquer à l’élève que le copain «qui ne fait rien» travaille probablement beaucoup plus que lui !
✓Le bricoleur
Sous ce terme un peu péjoratif se cache un type d’élève difficile pour le prof. C’est un élève qui a du mal à appréhender le cours théorique, donc qui ne va pas l’apprendre. Quand on regarde le cours, je sens bien que ça n’intéresse pas l’élève (donc il faut faire rapide…). L’élève veut faire des exos «pour comprendre». En fait, il se contente de faire du copier-coller à partir d’exercices déjà faits, souvent sans comprendre le pourquoi du comment : il n’y a pas de raisonnement mathématique à partir des éléments du cours, mais une suite mécanique d’actions répétitives déjà faites par ailleurs : du bricolage (ou de la procédure selon les pédagogues : c’est la transposition à l’enseignement des méthodes utilisées dans l’industrie, pas vraiment avec bonheur d’ailleurs…)
Si on n’est pas vigilant, on pense que l’élève a compris, à tort. D’une part, la banque d’exos à mémoriser est trop volumineuse et demande des gros efforts de mémorisation : au bout de quelques semaines, tout est oublié. Et puis, il n’y a pas d’apprentissage des règles de base (le cours), ni de raisonnement : dur dur pour des maths…
Ce type de comportement explique des déboires au lycée alors qu’au collège, l’élève avait de bonnes notes. Des bonnes notes, oui, des bonnes bases, hélas non…
Le cas particulier des élèves dys-
J’ai ou j’ai eu plusieurs élèves dys- : un élève dyspraxique (mais n’était-il pas plutôt Asperger ?), plusieurs dyslexiques, et un dysphasique. Et aussi des élèves avec des troubles de déficit d’attention (TDA) et/ou de mémorisation.
Je n’avais jamais eu d’infos claires à ce sujet, donc j’étais très mal armé pour aborder des élèves dys- ; j’ai alors lu deux livres traitant des dys- :
•Difficultés scolaires ou troubles dys ? par le Dr alain Pouhet et Michèle Cerisier-Pouhet, aux éditions Retz (2015)
•Prendre en charge les troubles des apprentissages par Claire Grand, aux éditions l’Harmattan (2017)
Ces livres sont vraiment excellents, ils se recoupent certes, mais sont quand même assez complémentaires, avec des découpages et mise en perspective différents. Et vraiment, ils expliquent ce que sont ces troubles, et aussi le fonctionnement du cerveau, ce qui donne en plus de très bonnes infos sur les troubles d’attention et de mémorisation. C’est beaucoup plus clair que ce que j’ai vu sur internet notamment (une description «clinique» des problèmes, mais sans explication des mécanismes des troubles).
Or, ce qu’explique le 1er livre, c’est que justement, il n’y a pas grand chose qui différencie, du point de vue des résultats scolaires, un élève dys- et un élève en difficulté.
Ce livre prend le problème à l’envers : il décrit les fonctions cognitives (les routines de base de notre cerveau, qui sont soit implémentées génétiquement, soit apprises très tôt dans l’enfance, et qu’on utilise sans s’en rendre compte), et dit ce qui se passe en cas de dysfonctionnement d’une de ces fonctions : on rentre dans le cadre d’un dys- (ou TDA).
Je vais expliquer avec la dyspraxie, c’est le trouble qui me semble le plus facile à illustrer.
Une praxie est un ensemble appris de gestes coordonnés par le cerveau qui permettent d’effectuer une tâche routinière. Ex : faire du vélo, lacer ses chaussures…
Une fois qu’on a appris cette praxie, elle reste gravée en mémoire (ça ne s’oublie pas), et quand on doit l’éxécuter, on planifie cette tâche et le cerveau se débrouille avec les muscles : c’est totalement transparent pour notre esprit, on peut penser à autre chose pendant l’exécution de la tâche.
Un dyspraxique ne peut pas bâtir ces praxies. Concrètement, il ne pourra pas apprendre à lacer ses chaussures et ne plus y penser par la suite. A chaque fois qu’il devra lacer ses chaussures, il devra penser chaque micro-geste, et donc, comme un débutant, sera maladroit et lent. Le gros souci, c’est que pendant qu’il effectue cette tâche, son cerveau est monopolisé et ne peut pas faire autre chose.
Application à l’apprentissage : un dyspraxique aura du mal à former ses lettres quand il copie quelque chose (on parle de dysgraphie), et il devra se concentrer sur son écriture ; et en fait, il ne pourra pas, en même temps, comme les autres élèves, penser à ce qu’il écrit et commencer à réfléchir à la résolution du problème posé.
On appelle ça la double tâche : le cerveau doit travailler beaucoup plus que pour un autre élève, d’où fatigue et lenteur, pour un résultat décevant.
De la même manière, un dysphasique (trouble du langage oral, le trouble du langage écrit étant la dyslexie) aura du mal à décoder et comprendre ce que dicte un enseignant, et cette tâche routinière va saturer son cerveau, il ne pourra pas faire autre chose pendant la dictée des consignes.
A noter qu’un trouble dys- est totalement indépendant des capacités de base du cerveau (rien à voir avec une déficience intellectuelle), mais par contre, il s’accompagne fréquemment d’autres troubles, comme la faiblesse de la mémoire de travail, et la diminution des capacités d’organisation dans le temps et l’espace.
Voilà très brièvement expliqué, le principe de base des problèmes de dys-
Mais, si vous êtes enseignant ou parent d’un enfant dys-, n’hésitez pas à jeter un œil sur ces livres, ils sont vraiment clairs et explicites.
Ils donnent aussi quelques pistes pour contourner ces problèmes, et aussi (surtout le 2e livre), donnent des infos utiles sur les aides dont peuvent bénéficier les familles en cas de situation dys- pour améliorer l’apprentissage de leur enfant.
En bref, du point de vue du prof : il faut être à l’écoute, repérer les difficultés (pas forcément exprimées), être patient, répéter, plus lentement, plus simplement, différemment… Le grand principe est là aussi de donner de la confiance à l’élève (encore plus que pour les autres élèves).
© Dominique Chevallier votre prof de maths à domicile à Toulouse