Le tableur : un couteau suisse à tout faire
Le tableur : un couteau suisse à tout faire
A la base (Visicalc), c’est un outil qui a été créé pour des applications comptables et financières, mais il a très vite été détourné pour beaucoup d’autres usages, dont du calcul scientifique.
Ses capacités à traiter de grandes quantités de données et à les représenter rapidement et facilement par des graphiques variés (les tableurs-grapheurs au début, et tous les tableurs actuels) est quand même un gros avantage.
Pour ce qui est des calculs, le maniement du tableur est moins rebutant qu’un logiciel de programmation, mais aussi moins complet si l’on excepte les capacités de programmation par macros.
Bref, nous avons devant nous un bel outil universel. Tellement que (c’est mon avis…) beaucoup de gens l’utilisent à la place de logiciels qui seraient beaucoup plus optimisés pour éxécuter certaines tâches. Ceci a des répercutions sur la «morphologie» des tableurs eux-mêmes : quand on songe que les données peuvent s’étaler sur un million de lignes, ça fait peur ! Un logiciel comme Octave est bien plus adapté (et plus rapide) pour traiter autant de données.
Avantages du tableur :
•universalité
•simplicité d’usage (au moins dans l’utilisation de base)
•possibilités de présentation sophistiquée des données
•graphiques simples à faire et de bonne facture
Inconvénients :
•trop universel… et de ce fait, utilisé à tort et à travers
•les capacités de présentation font que beaucoup de gens perdent du temps à faire quelque chose de «joli»
•dans certains cas, la formulation est extrêmement tordue pour arriver à un résultat qui serait très simple à obtenir avec un logiciel de programmation
•les feuilles de calcul volumineuses prennent beaucoup de place (toutes les formules sont dupliquées, ce qui n’est pas optimum !)
•la programmation par macros ou langages de programmation est la porte ouverte en grand aux macro-virus
•quinze fois plus lent qu’Octave…
Bref, on aura compris mon point de vue : le tableur est un bon outil, mais il ne faut pas en abuser ! Par exemple, faire de la variabilité d’échantillonnage avec un tableur est à mon avis un non sens. Il est très difficile de faire varier rapidement le nombre de tirages (il faut faire du recopier vers le bas ou vers la droite, et avec ne serait-ce que 1000 valeurs, par exemple, ça devient un peu laborieux, sans compter qu’il faut remettre à jour les formules de traitement de toutes ces données. Rien de tel avec Algobox ou Octave qui sont infiniment plus souples pour remplir cette tâche.
Par contre, pour faire des exercices de calcul de variations, indices, et autres évolutions avec des 1e ES, c’est génial. En prime, on peut faire un graphique avec les données, et donc se poser la question du graphique le plus pertinent.
Les tableurs du marché :
•Excel, bien sûr. C’est la référence et il faudrait être de mauvaise foi pour dire que ça marche mal ! Mais, c’est microsoft, et c’est cher.
•OpenOffice Calc ou LibreOffice Calc (ce sont les mêmes ou presque) : libres et gratuits, disponibles sur toutes les plateformes, largement compatibles avec Excel, mais avec quelques limitations tout de même : les graphiques, notamment, ne sont pas très beaux (choix par défaut de mauvais goût et pas pratiques : lignes trop épaisses, symboles trop gros…), il n’y a pas de possibilité de représenter des surfaces en 3D, ni de graphiques statistiques. De plus, ce logiciel est très lourd et pas très réactif.
•Gnumeric : c’est mon préféré ! Libre et gratuit aussi, son gros défaut est d’être plus ou moins limité à Linux (on peut l’installer sur d’autres Os, mais c’est un peu galère…), mais c’est vraiment un bel outil.
Les graphiques sont magnifiques, paramétrables à l’extrême (attention à la prise en main de l’assistant (Guru), c’est déconcertant si on est habitué aux autres tableurs !), la panoplie est très complète car on a les surfaces 3D et de vrais graphes statistiques (boites à moustaches, histogramme véritable).
Depuis les version 1.12, les plages de données sont paramétrables : on peut y utiliser des formules, notamment d’indirection, ce qui ouvre des perspectives de contrôle des séries de données qui n’existent pas dans LibreOffice.
Et ce logiciel ouvre très bien les fichiers LibreOffice (la réciproque n’est pas vraie) et Excel, et sauvegarde sous ces deux formats sans problèmes.
•Il y en a d’autres : Lotus, qui fut un cador en son temps, Numbers (Apple), différent et intéressant, mais pas assez compatible avec ses camarades, et encore KSpread, dans l’environnement KDE de Linux, et les autres…
Pour finir, un aperçu de mon outil de calcul des lois binomiales, fait avec Gnumeric. J’ai essayé de le transposer dans LibreOffice, c’est peine perdue, le graphique est beaucoup moins adaptable (l’axe des abscisses a toujours son maxi à 500, contrairement à ce qu’on obtient avec Gnumeric, où l’axe est paramétrable).
On notera la double échelle de l’axe Y, chacune avec ses lignes propres, correspondant aux deux séries, celle des probabilités et celle de la loi de répartition.
Le nombre de tirages peut aller jusqu’à 500, et cerise sur le gâteau, quand on clique sur le bouton zoom, le graphique ne montre que la partie «utile», ce qui est intéressant lorsque le nombre de tirages est grand. C’est infaisable avec OpenOffice / LibreOffice car on ne peut pas indexer les mini / maxi des échelles des graphiques sur une cellule avec ces tableurs, contrairement à Gnumeric.
En prime (rajout par rapport à la précédente version), on peut superposer la loi normale de même moyenne et écart type (en cliquant dans la case «loi normale») et vérifier qu’elle est une très bonne approximation de la loi binomiale.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, j’ai fait le même fichier avec en prime la loi de poisson.
Et aussi, mon nouvel outil de calcul des lois exponentielles, qui tire pleinement parti des capacités de programmation des plages de données en dynamique. Très pratique et très visuel. Tout se remet à jour automatiquement : aire colorée, légende…